mardi 24 juillet 2007

Las hojas de coca


Voila un des symboles les plus forts de cette partie d’Amérique du Sud, la Cordillera Andina : las hojas de coca, ou feuilles de coca.
Il est assez difficile de résumer tout ce représente cette plante ici, je vais donc juste tenter de traduire mon ressenti personnel. Pour moi, elle peut caractériser à elle seule l’état d’esprit dans lequel vivent les indigènes de Bolivie, Pérou, Argentine, que nous avons rencontrés : ils luttent perpétuellement pour la conservation de leurs cultures et de leurs croyances avec l’influence occidentale, que certains estiment corruptive.
Le poème suivant (source : Musée de la coca de la Paz) fait l’éloge de la feuille de coca et illustre également ce sentiment de mise en garde des cultures andines par rapport au conquistador.




En effet, l’usage de la coca est millénaire dans les Andes. Il s’agit :
- d’un facteur de vie sociale et religieuse important : offrandes pour les mariages, enterrements, rituels permettant d’accéder au monde divin, prédictions, mysticisme des chamans
- d’un élément nutritif certain : maté de coca, mastication (plusieurs études du musée démontrent des vertus nutritives par rapport à d’autres plantes de base)
- un composant essentiel pour la médecine andine : anesthésies (connues et effectuées depuis longtemps) trépanations (opérations du cerveau)…

Ce que je retire du Musée de la coca de la Paz, c’est que la coca a toujours fait partie de la vie quotidienne des populations andines, et que sa diabolisation provient de sa synthèse (en poudre) par les « conquistadores », corrompant ainsi son utilisation mystique pour atteindre un affect extrêmement intensif de la zone du plaisir.


Etonnant : le tableau ci-dessus (source : Musée de la coca de la Paz) met en exergue le fait que mâcher des feuilles de coca et s’injecter directement de la cocaïne entraînent une quantité de cocaïne dans le sang d’ordre de grandeur similaire. La différence fondamentale réside dans l’intensité du procédé. En effet, « sniffer » ou s’injecter de la cocaïne active le « bouton » du plaisir, zone particulière du cerveau sollicitée à l’identique lors d’un orgasme par exemple, provoquant ensuite une perpétuelle recherche de ce phénomène, et sa dépendance. On peut estimer les mastiqueurs quotidiens de coca dépendants, mais plutôt du fait de leurs croyances et aux effets lents sur leur capacité à résister à leur environnement hostile (travail dans les mines, altitude, faim, etc.).

A mon sens, la cocaïne pose un réel problème aux pays qui en vivent aujourd’hui, plus particulièrement la Bolivie, la Colombie et le Pérou, car les groupes d’influence détenant les cultures et transgressant les lois nationales, en vendant cette matière première illégalement en vue de sa transformation (souvent dans d’autres contrées), disposent d’un pouvoir politique et économique important.
Pour ce qui est de la production du « blanco » (poudre), la feuille de coca en est à l’origine, mélangée à d’autres produits toxiques comme les acides sulfurique et chlorhydrique. Le coût de revient d’un kilo de poudre pur non coupée est approximativement de 3500$US (main d’œuvre importante). Il peur être ensuite revendu 10 fois plus et ainsi de suite jusqu’au consommateur final.
D’un point de vue personnel maintenant, j’ai souvent mâché de la coca au cours de voyage. Important : pour sentir les effets de la cocaïne des feuilles en les mastiquant, il faut également les accompagner d’un extracteur qui, joint à la salive, va remplir ce rôle. Ça peut être du bicarbonate de soude en sachet, ou cette petite pierre grise (cf. photo du début), qui est en fait de la cendre de cacao séchée et agglomérée. Sans cet additif, rien ou presque ne se passe. Les effets ont été très bénéfiques pour moi en ce qui concerne le « mal d’altitude », mal de crâne principalement, mais ainsi les oreilles se débouchent, la bouche devient complètement anesthésiée, la faim est aussi éliminée. Rien d’euphorisant à en attendre donc, bien qu’un coté mystique se dégage, comme envers tout produit naturel ayant un effet narcotique (cannabis, champignons, cactus…), nous rappelant que la nature dispose de vertus étonnantes qui nous rendent chaque jour plus humbles.

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